Hors-série : où je suis passée ces dernières semaines…

Un peu plus d’un mois aujourd’hui que j’ai publié le dernier c’est lundi. Et si on fait exception du bilan de septembre qui était pré-programmé, et qui est paru non finalisé, aucun n’article n’est paru depuis. Et voici pourquoi

J’espère reprendre prochainement les publications sur le blog, en attendant je profite d’une éclaircie pour venir vous donner quelques nouvelles… pas grand chose au niveau livresque hélas. J’ai très (mais vraiment très très) peu lu pendant ce mois. Et à vrai dire, ça fait cinq semaines maintenant que je ne lis qu’une page de temps en temps, même les livres audio c’est compliqué. Et réussir à rassembler et ordonner suffisamment mes idées pour rédiger ce billet n’est pas simple non plus. Merci de bien vouloir excuser les diverses fautes d’orthographe, grammaire et syntaxes qui pourraient s’être glissées, plus nombreuses que d’habitude, dans ces lignes. Il sera beaucoup pus personnel que d’habitude, et ne restera peut-être pas indéfiniment disponible en ligne, car je n’aime pas m’étaler, mais j’éprouve aujourd’hui le besoin de partager mon expérience avec vous.

Il y a donc cinq semaines, j’ai commencé à me sentir mal, un gros rhume, de la fièvre, rien d’inquiétant pour moi comme j’avais côtoyé des enfants enrhumés les jours précédents… Ça a été de mal en pis , vous voyez où je veux en venir j’imagine ! La covid a croisé mon chemin. Je l’ai prise de plein fouet. Je sors peu, je n’ai pas pris les transports en commun dans cette période, la chance a juste décidé de se moquer de moi je pense… Je n’ai été atteinte que d’une forme modérée, et je n’ose imaginer ce que représente une forme grave. Pas d’hospitalisation, juste beaucoup de fièvre, en alternance avec de l’hypothermie, des quintes de toux interminables qui ont duré plus de quinze jours, un épuisement toujours présent, autant physique qu’intellectuel,  un essoufflement au moindre effort, et le plus gênant à l’heure actuelle, plus d’odorat du tout.

C’est une expérience très déstabilisante que de perdre un sens, de ne plus rien sentir du tout. On ne sent rend pas forcément compte de l’importance de ce sens, mais j’ai perdu mes repères avec lui. Je ne cuisine plus, car outre le fait que les odeurs sont un plaisir quand on cuisine, avec la fatigue intense qui reste présente, j’ai peur de m’endormir et de mettre le feu, comme je ne sentirais pas l’odeur de brûlé ! Prendre soin de soi est aussi très différent. Les produits n’ont pas de parfum pour moi, et je ne connais pas mon odeur corporelle. Pour beaucoup plus de choses que je pensais, je dois me fier au nez de mon entourage. Ce ne sont que quelques exemples d’une des expériences vraiment parmi les plus perturbantes que j’ai pu vivre, et pourtant…

L’épuisement est cependant l’origine principale de mon absence par ici. Jusqu’à il y a encore quelques jours, j’avais un rythme de nourrisson. Dormir, manger, boire beaucoup, et aller aux toilettes (au contraire du nourrisson, pas de couches à changer, au grand soulagement de mon entourage 😂), et une douche de temps en temps. Les premières semaines, pendant les courtes périodes de veille, mon cerveau n’était même pas capable de regarder la télé, ni Netflix, ni Disney+ (d’ailleurs merci à ma sœur et mon gendre dont les accès m’ont permis de m’occuper maintenant que ça va un peu mieux^^). Je n’avais aucune mémoire, y compris à court terme. Une nourrisson doué de parole (incohérente trop souvent), nommée Dory. Imaginez le plaisir de mes proches quand ils essayaient de communiquer.

Il a fallu près de huit jours entre les premiers gros symptômes et le résultat du test (à la décharge du corps médical, j’ai commencé à être vraiment malade le vendredi soir). Quand mon médecin m’a vue le lundi, sur un créneau de rendez-vous spécial, j’ai rapidement compris qu’elle n’était pas très rassurée par mon cas. Il faut dire que j’ai une santé déjà bancale, et que je suis en invalidité depuis dix ans maintenant, ce dont je vous reparlerai un peu plus tard. Pendant 48 heures s’est posée régulièrement la question d’appeler le SAMU, ma généraliste prenant très régulièrement des nouvelles, ainsi que mon entourage, qui a comme toujours (je vous aime infiniment) fait bloc (en respectant les mesures de sécurité^^) autour de moi.

A partir du moment où le résultat du test est arrivé, tout a été très vite. Dans le quart d’heure, j’avais mon médecin en ligne pour la recherche de cas contacts, et l’ARS dans la foulée. En l’espace de moins de deux heures après la nouvelle, les cinq personnes que j’avais vues sans masques dans les derniers temps (quand je vous dis que je sors peu et que je vois peu de monde) ont été informées et isolées. Heureusement, leurs tests se sont révélés négatifs. Les quelques personnes (kiné et médecins) que j’avais vu pendant plus de quinze minutes avec masque ont aussi été prévenus.

Dans un premier temps, les contacts avec l’ARS ont été au top. Un bénévole a été récupérer un drive pour moi et la déposé devant la porte, j’ai été rappelée plusieurs fois… jusqu’au moment où, me demandant si mes symptômes avaient disparu, quand j’ai répondu que j’étais vraiment épuisée, la personne en ligne m’a conseillé de demander une semaine de prolongation d’arrêt à mon médecin. J’ai tiqué, car, comme je vous l’ai dit plus haut, je suis en invalidité. Quand je lui ai signalé, la personne m’a répondu que j’avais de la chance car j’allais avoir le temps de me remettre. De la chance d’être handicapée et en invalidité !!! Sur le moment, j’étais trop choquée pour répondre. Je n’ai même pas osé en parler autour de moi. Et puis je me suis rendu compte que, du fait de cette invalidité et de l’absence d’arrêt de travail, j’étais transparente, inexistante même, dans les statistiques sur le retour à la vie « normale » après contamination. C’est très blessant de se rendre compte qu’on n’a pas d’importance, que de fait, l’ARS a clôt mon dossier car je n’avais plus de fièvre et pas d’arrêt maladie. Pourtant, trois semaines plus tard, je suis encore très loin d’avoir récupéré.

Le confinement avait déjà été compliqué au niveau de la santé, je l’avais évoqué vaguement ici car je publiais moins, mais pour moi qui vais chez le kiné au moins deux fois par semaine à l’année, et qui était à l’époque dans un protocole hospitalier spécial qui poussait à quatre séances dont deux demi-journées entières, l’arrêt brutal et total des soins a été terrible. Je ne le reproche pas aux soignants, la priorité devait être donnée aux besoins vitaux, mais si, ces dernières années, on n’avait pas (tous gouvernements confondus) dégraissé à ce point les hôpitaux de leur personnel, pas fermé autant de lits, les choses auraient peut-être pu être moins brutales. Car je sais que je suis loin d’être la plus à plaindre. J’ai eu la chance de pouvoir reprendre mes soins très vite après la fin du confinement, avec un personnel épuisé, car nombre de kinés ont été détachés dans les services de réanimation COVID, et ça, on n’en a pas assez parlé non plus je trouve, mais un personnel hyper présent et à l’écoute, qui a tout fait pour me remettre en état au mieux et au plus vite. De me permettre de retrouver de la mobilité.

Et quand je vous dis que la chance se moque de moi, c’est que, en septembre, après plusieurs mois de travail, j’avais retrouvé une bonne mobilité, et un confort de vie très correct au quotidien, quand je me suis retrouvée alitée pendant plusieurs semaines par cette saleté. Tout est à recommencer. Ma super kiné bosse dur pour contenir les dégâts, et je retourne au centre de traitement et gestion de la douleur dans quinze jours pour un bilan. J’ai la chance que du personnel spécialisé s’occupe de moi. Mais je suis fatiguée d’avoir encore une fois tout à recommencer. Car on perd beaucoup plus vite se capacités, physiques ou intellectuelles, qu’on ne les retrouve…

Tout ça pour vous dire que je récupère tout doucement, mais que pour le moment, j’ai du mal à rester trop longtemps devant l’ordinateur (j’ai mis plusieurs jours à rédiger et saisir ce billet), et à me concentrer pour lire. Je suis encore épuisée, physiquement comme intellectuellement, et c’est extrêmement frustrant. D’habitude, quand mon corps me lâche, je peux au moins lire, mais ces dernières semaines ça n’a pas été le cas. Je vais me joindre à un discours que vous trouvez peut-être pesant, mais s’il vous plaît, protégez-vous et protégez les autres, portez un masque quand c’est nécessaire et restez à distance des gens que vous croisez, ils pourraient souffrir durablement de cette brève rencontre, si par hasard vous étiez à ce moment là asymptomatique mais contagieux. C’est probablement ce qui s’est passé pour moi lors d’une de mes rares sorties.

Revenons-en au blog un instant…

J’espère bien évidemment pouvoir vous proposer du contenu rapidement, mais la priorité reste que je sois bienveillante avec moi-même et que je me laisse le temps de récupérer. Certains livres que j’avais lus mais pas encore chroniqués attendent à côté sur mon bureau, et d’autres sont arrivés durant ces dernières semaines qui attendent d’être lus. Je vous remercie de votre bienveillance et de votre patience. Et je remercie aussi les maisons d’édition et attaché(e)s de presse qui sauront comprendre que je mette plus de temps que d’habitude à chroniquer leurs ouvrages. Je sais déjà que je vais perdre des partenariats, ça a d’ailleurs commencé. Je ne pointerai personne du doigt car il est légitime pour les maisons d’éditions de se tourner vers des blogueurs qui seront en mesure de parler rapidement de leurs ouvrages en ces temps compliqués. J’espère cependant que les relations tissées avec certain(e)s ces dernières années permettront de continuer nos échanges, et me permettront de continuer à vous proposer des titres récents que je ne serais sinon pas en mesure de me procurer en si grande quantité en librairie, faute de faire exploser mon budget.

Bien que je n’aime pas parler de moi sur internet, j’avais besoin de m’exprimer aujourd’hui, de vous dire ce que j’avais sur le cœur, et de vous expliquer mon absence, à vous qui lisez régulièrement mes articles, avec qui j’ai  créé des liens et avec qui on a régulièrement des conversations passionnantes. Vous m’apportez beaucoup, sachez le, et vous me manquez actuellement énormément. Merci aussi aux maisons d’édition qui me font confiance, et qui continueront de le faire malgré ces embûches. Merci quand même à celles qui décideront de clore notre aventure commune, et avec qui j’ai passé de très bons moments.

Bref, ce long billet exceptionnel pour vous dire à tous, tout simplement MERCI.

Et prenez soin de vous ❤

8 réflexions sur “Hors-série : où je suis passée ces dernières semaines…

    • Les Lectures de Sophie dit :

      Merci de ton soutien. Je ne parle en général pas de ma santé, mais ne t’inquiète pas, j’avais surtout besoin de rappeler que ce que nous traversons n’est pas «rien» et qu’il n’y a pas que l’économie qui a souffert du confinement, les gens aussi. Comme d’habitude, je me relève tranquillement et je reprends ma route 😉

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